0 - Introduction
I - Première Partie
[Menu de la soluce] [La suite...]
Introduction
L'autre nuit j'ai fait un cauchemar. Un de ces rêves étranges et pénétrants qui vous reviennent en mémoire bien après votre réveil et qui vous obsèdent toute la journée. Dès les premières images de mon rêve, je me trouvais dans une salle immense, en pierre de taille, une sorte de caveau souterrain, supporté dans les angles par les fûts d'immenses colonnes de pierre. Dans un lieu que je pressentais clos et secret. Le bruit d'abord m'était parvenu; celui du choc violent de l'acier contre l'acier, suivi du crissement des lames. Au centre de la grande salle un vieil homme, vêtu comme un chevalier du moyen âge, au visage noble, portant une barbe et une longue chevelure d'argent, affrontait un chevalier en armure noire, luisante, semblable à la carapace d'un insecte sinistre. Le vieil homme vers qui - sans que je sache pourquoi - allait toute ma sympathie, perdait du terrain et reculait à chaque nouvel assaut.
Un revers brutal de l'épée à la lame tranchante comme un rasoir avait fendu sur plus de vingt centimètres le surplis de lin blanc, frappé d'une croix rouge, à l'emplacement du coeur. Le sang avait brusquement jailli. Le vieux chevalier avait porté la main à sa blessure. Il tituba, baissant sa garde avant de prendre appui sur un genou sur le sol de pierre. Pas un instant il n'avait gémi, ni cessé de défier son adversaire d'un regard tout à la fois triste et déterminé.
En poussant un cri de triomphe, le chevalier noir s'était avancé. Il avait levé son épée au-dessus de la tête du vieil homme pour lui porter le coup de grâce. Bien plus que cette voix caverneuse et déformée qui résonnait comme venue du plus profond des enfers, c'était les mots qu'il avait prononcés qui m'avaient glacé jusqu'au fond de l'âme dans mon sommeil. "Avant de mourir Gallois, sache que Wolfram le renard à la crinière rouge retient prisonnière Juliette Provence la fiancée de William, dans les cachots secrets de la Commanderie des Templiers de Paris.... Ainsi, pour la délivrer, ton héros devra nous combattre... et cette fois nous prendrons sa vie ! Sa vie éternelle ! Alors, partout dans l'univers, le règne des forces des ténèbres pourra s'accomplir ! "Dans un dernier sursaut, en rassemblant ses dernières forces, le vieux chevalier avait jeté son épée en avant, droit devant lui. C'est là que je m'étais rendu compte que j'étais en plein cauchemar.
Le chevalier noir, atteint d'un coup d'épée en pleine poitrine s'était alors... lentement élevé au dessus du sol ! Une étrange lueur rouge était apparue par la fente étroite du heaume d'acier noir.... et d'un seul coup il avait totalement disparu dans une gerbe d'étincelles ! Dans la salle souterraine, il ne restait rien de l'infernale apparition, n'eût été le sang noir et épais qui maculait la lame de l'épée du vieux chevalier.
Dans mon sommeil je me souviens parfaitement avoir lutté pour tenter de me réveiller, sans toutefois y parvenir. Je voulais pouvoir faire face à un danger que je n'identifiais pas, mais que je sentais grandir et s'approcher de moi...
Le cauchemar n'était pas encore terminé : le vieux chevalier s'était péniblement relevé pour se diriger vers le centre de la vaste salle où se dressait une sorte d'autel de pierre. Sur le plateau de granit brut j'apercevais un gant de métal brillant. Le vieil homme s'en était emparé. Aussitôt j'avais remarqué l'empreinte ronde, en creux, qui se trouvait sur le dessus du gant. Dans mon cauchemar, je me souviens très bien m'être fait cette réflexion : "Il manque quelque chose sur ce gant !".
Sans doute blessé grièvement, avant de s'écrouler sur l'autel de pierre, le vieux chevalier avait eu la force de crier un dernier avertissement à mon intention : "Rien, ni personne ne pourra t'empêcher d'accomplir ta mission ! William ! Je jure de vivre assez longtemps pour que tu me retrouves et que je puisse te remettre le gant qui t'ouvrira la Porte du Temps!" C'était la fin de mon rêve... Tout au moins je ne me souviens plus de la suite. J'ai passé toute la journée à m'interroger, à me demander ce que ce songe peu réjouissant pouvait bien m'annoncer... Si toutefois il avait une signification quelconque !Ce cauchemar étrange m'obséda tout le long de la journée, pourtant ce jour là, j'avais d'autres soucis, bien plus importants que le sort de ce vieux chevalier ! Ce que ce rêve signifiait, je l'ignorais totalement. Par contre il faisait référence à un événement bel et bien réel celui là : la disparition de Juliette. Ma fiancée avait brusquement disparu depuis plusieurs jours ! Evaporée, envolée, effacée, sans que personne ne sache, chez elle, ou à son travail, où elle pouvait bien se trouver ! De l'aveu même de l'inspecteur qui s'occupait de l'affaire, en trois jours les policiers français n'avaient absolument rien trouvé ! Pas même le début d'une piste ! Hier, ne sachant plus à qui m'adresser, j'avais alerté mon ambassade pour demander de l'aide. Je m'étais vu simplement répondre par un secrétaire sous-fifre qui ne cherchait même pas à dissimuler sa colère :
"Enfin jeune homme ! On ne va tout de même pas mobiliser le FBI et la CIA pour retrouver une étudiante française en archéologie, sous prétexte qu'elle est votre fiancée ! Les policiers français font très bien leur travail ! Vous n'avez qu'à faire comme tout le monde : attendre et espérer !"
J'ai donc décidé d'entreprendre mes propres recherches. C'est pour ça que dans l'après-midi j'ai été faire un tour à la cité Universitaire. Il m'a fallu déployer tout mon charme, pour séduire la responsable du pavillon où loge Juliette. Passeport à l'appui j'ai dû lui prouver que je me nommais vraiment William Tibbs, que j'étais citoyen américain, né à Washington il y a 23 ans, que j'étais étudiant en stage à la fac de droit et que, surtout, j'étais le fiancé de Juliette. Les histoires d'amour font craquer les français et les françaises, c'est bien connu. Finalement après lui avoir juré que je désirais simplement, et en sa présence, visiter la chambre de ma fiancée, la brave femme a fini par m'accompagner chez Juliette. Dans le petit studio, comme d'habitude, régnait un ordre impressionnant. Tout semblait parfaitement normal, rien n'avait disparu. Pas un vêtement ne manquait dans la garde robe. Les papiers, la carte bleue et le chéquier de Juliette étaient posés, bien en vue, sur une des étagères de sa bibliothèque. J'étais reparti au bout d'une heure complètement découragé. Je décidais de rentrer chez moi, histoire de faire le point. Sur le chemin du retour, une nouvelle fois, le cauchemar de la nuit précédente avait accaparé toutes mes pensées.
Il faisait nuit. A travers les vitres de la fenêtre de ma chambre, j'observais les grands éclairs aveuglants qui zébraient le ciel au-dessus des toits de Paris.
L'incroyable s'était produit juste après que je me sois installé devant mon bureau et aie ouvert mon journal quotidien.
Ca avait commencé par un fracas épouvantable et un immense éclair qui, soudain avait zébré le ciel obscur juste derrière les vitres closes.Dans un bruit d'une violence inouïe, la fenêtre venait littéralement d'exploser. Dans la même seconde, une hache de guerre à double tranchant s'était plantée en plein milieu de mon journal, en fendant le dessus de la table jusqu'au coeur du bois... à quelques centimètres des doigts de ma main droite! Comme mû par un ressort, je me retournais brusquement, incrédule. Figé par la stupeur, je découvrais, planté devant moi, une lourde épée brandie au dessus de la tête, un immense chevalier en armure noire qui s'encadrait dans l'ouverture de la fenêtre dont il ne restait plus grand chose. J'avais devant moi le frère jumeau, ou tout au moins la reproduction exacte, du chevalier noir qui s'était fait embrocher par le vieux chevalier dans mon cauchemar !
" William Tibbs, faucon de lumière, tu vas perdre la vie !"
Le chevalier à l'armure sombre avait fait un pas vers moi avant d'abattre d'un large revers la lame à double tranchant. C'est presque par miracle que j'avais évité la lame d'acier qui avait frôlé ma carotide. Il était clair que le second coup que le chevalier noir s'apprêtait à m'asséner allait m'être fatal !
S'agissait-il d'une apparition ? D'un fantôme ? Ou des facéties d'un joyeux farceur ? Je ne m'étais pas donné le temps de répondre à cette question. J'avais empoigné et arraché d'un coup sec le manche de la hache plantée dans le plateau de bois. Dans le même mouvement j'avais balancé l'arme de jet de toutes mes forces, droit sur mon agresseur ! La hache avait frappé l'armure en plein poitrail, dans un bruit de métal déchiré... Et là, comme la séquence d'un film qu'on se repasse une nouvelle fois, tout s'était déroulé une nouvelle fois comme dans mon cauchemar. Le corps du chevalier noir s'était d'abord élevé au dessus du sol ; il y avait comme une sorte de long grésillement électrique, puis la personne en armure s'était évaporée dans un ultime flash de lumière.
" Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Qu'est-ce que ça veut dire?".
Sur le moment je n'avais rien trouvé d'autre à dire! D'habitude j'ai un meilleur sens de la répartie, mais c'était la première fois que je me trouvais dans une histoire aussi invraisemblable!
C'est un cri très faible, qui avait attiré mon attention et m'avait fait baisser les yeux. Là, sur le plancher de ma chambre, à l'endroit exact où venait de disparaître l'étrange créature, il y avait un petit miroir au cadre de cuivre ouvragé et une bague sans pierre. Rendu prudent par ce qui venait de m'arriver, je me penchais avec précaution pour examiner les deux objets de plus près.
C'est alors que, venant du miroir, j'avais nettement perçu la voix de Juliette. En approchant le miroir de mon visage, j'observais sa surface, tout à la fois lisse et laiteuse, qui ne reflétait rien de précis. Puis l'image, trouble d'abord, était devenue de plus en plus nette. Immédiatement, sans l'avoir jamais vu, j'avais reconnu Wolfram... Ce visage, tout à la fois beau et ravagé par une affreuse blessure qui labourait profondément la pommette et creusait l'orbite de l'oeil gauche, me plongeait dans un malaise que je n'avais jamais ressenti jusque là !... WOLFRAM était vêtu d'une robe de moine. Sa chevelure, ou plutôt sa crinière était rouge. Un rouge feu qui, pourtant n'atténuait en rien l'éclat du rubis taillé qui remplaçait son oeil gauche. Ce visage était réellement hors du commun. Malgré cette fascination étrange, je ne m'attardais pas plus longtemps sur Wolfram et son visage d'ange déchu. Dans le miroir, derrière lui, je venais d'apercevoir Juliette, les mains liées à un poteau de pierre. En la voyant faire des efforts désespérés pour se libérer des liens qui l'entravaient, ma rage et ma colère s'étaient brusquement décuplées ...
Le visage de Wolfram, déformé par la haine, s'était alors adressé à moi à travers le miroir "Je te défie William Tibbs, le faucon de lumière ! Veux-tu retrouver Juliette ?... Alors, viens ! Viens la chercher au fond des cachots secrets du Musée d'Histoire et des Traditions du Moyen Age.... Je t'y attends!"
Moi, William Tibbs, un faucon de lumière ? Et pourquoi pas un F16 de la guerre du Golfe pendant qu'il y était ? Je me demandais vraiment quand, cette fois, j'allais me réveiller pour de bon et retrouver un quotidien plus proche d'une simple et banale réalité !La réalité ?... Lorsque j'avais ouvert la main, le miroir s'était comme évaporé. Il ne restait au creux de ma paume que la bague sans pierre. J'en étais certain : Cet objet ne m'avait jamais appartenu, je ne l'avais jamais vu auparavant. Pourtant il existait bel et bien ! Cauchemar ou réalité, peu m'importait ! Il fallait que je me rende dans ce Musée. Ce qui pour moi avait le plus d'importance c'était de délivrer Juliette ! Après ça on verrait bien !
Je passais une grande partie de la nuit à réfléchir. Vers minuit, ma décision était prise. Demain, à la première heure, je me rendrais au Musée d'Histoire et des Traditions du Moyen Age. Et là, le Wolfram en question, qu'il soit homme ou démon, pour ce qu'il avait fait à Juliette, je lui ferais regretter d'être venu au monde !I - Première Partie.
LE MUSEE D'HISTOIRE & DES TRADITIONS DU MOYEN ÂGE
Même si elle avait été courte, j'avais passé une nuit parfaite, sans rêve ni cauchemar, réparatrice en somme.
Dehors il faisait un temps superbe, sans un nuage dans un ciel bleu de carte postale. Ce beau temps me faisait presque regretter d'avoir enfilé ma veste en toile multipoches sur mon tee-shirt.
Ne sachant pas ce que l'avenir me réservait, je décidais de m'offrir un petit déjeuner complet, à la terrasse d'un café, histoire de faire le plein d'énergie.
Rétrospectivement c'était une sacrée bonne idée !Paris est vraiment une ville superbe! Devant moi, de l'autre côté de la place, j'apercevais le Musée d'Histoire et des traditions du Moyen Age qui s'abritait derrière la façade de pierres de taille de son mur d'enceinte crénelé. A une cinquantaine de mètres, sur la droite, s'élevait très haut dans le ciel d'azur, la profusion décorative des étranges sculptures de pierre de la tour Saint-Jacques.
Un instant j'imaginais, quelques 9 siècles en arrière, les foules de pèlerins qui s'étaient rassemblées là pour entreprendre la folle épopée de la première croisade!Je m'étais arrêté un instant devant la plaque de plexi fixée sur le mur entre une petite porte close et le porche grand ouvert.
MUSEE D'HISTOIRE
ET DES TRADITIONS
DU MOYEN AGEJ'avais jeté un regard autour de moi avant de pénétrer dans la cour intérieure.
Immédiatement, en traversant la cour déserte, j'avais eu la sensation de n'être pas seul, et que quelqu'un, planqué quelque part, observait chacun de mes gestes. J'étais remonté à bloc, et à ce moment là personne, homme ou démon, n'aurait pu m'empêcher de me diriger droit sur la porte d'entrée du Musée !
Arrivée au musée
Le hall principal du Musée d'Histoire du Moyen-âge
En franchissant la porte d'entrée grande ouverte, je m'étais retrouvé dans un grand hall spacieux et bien éclairé. Non sans talent, l'architecte avait aménagé ce Musée dans un édifice qui, à l'origine, avait du être un très ancien hôtel particulier. Ainsi les meubles de présentation des objets, les éclairages et les accessoires modernes s'intégraient avec bonheur à l'architecture rigoureuse des murs de pierre nue.
De ce premier hall, juste en face de moi, trois marches conduisaient vers un second hall. Ce second hall s'ouvrait à son tour sur un porche intérieur. Au fond de cette deuxième salle je pouvais apercevoir le ciel bleu au-dessus d'une sorte de cour intérieure que je distinguais mal de l'endroit où je me trouvais.Hélas, il ne m'était pas possible de m'approcher : entre le premier et le second hall, se dressait une barrière peinte en rouge et blanc. Elle portait un panneau sur lequel on pouvait lire :
Accès interdit
Travaux en coursDerrière la barrière, dans ce second hall, je pouvais apercevoir et entendre deux ouvriers qui s'affairaient sur le système de surveillance vidéo. Sans doute très occupés par leur travail, mon entrée intempestive dans le hall du Musée ne les avait pourtant pas fait se retourner.
J'aurais pu croire, alors, pouvoir tenter de passer outre et franchir le seuil interdit. Mal m'en aurait pris. Je constatais très vite que, mine de rien, les deux lascars n'avaient pas les yeux dans leurs poches. Ainsi, quand je m'étais approché d'une boîte à outils ouverte qui se trouvait de mon côté de la barrière, l'un des deux ouvriers m'avait jeté un regard noir. J'avais compris qu'il ne s'agissait pas de tenter de leur piquer quoi que ce soit... Tout au moins en leur présence !Salle 1 du Musée d'Histoire du Moyen Age
Je m'étais alors dirigé vers les portes grandes ouvertes qui se trouvaient sur ma droite. J'étais resté sur le seuil de cette grande salle d'où j'avais immédiatement repéré la jeune et jolie japonaise, micro à la main, qui faisait face à un caméraman, japonais lui aussi. Ils semblaient ne s'intéresser à rien d'autre qu'aux tableaux, aux éléments architecturaux, aux objets et autres fresques du Moyen Age, qui décoraient somptueusement cette deuxième partie de la grande salle. Les deux vidéastes japonais qui filmaient avaient posé un casque audio sur une des vitrines !
Sans les perdre de vue un seul instant, je m'étais approché de la vitrine sur laquelle se trouvait le casque audio. Profitant d'un moment où ils me tournaient le dos, j'avais glissé le casque sous ma veste. En trois bonds j'étais hors de la salle.Je décidais d'aller voir vers la grande salle qui s'ouvrait à la gauche du grand hall.
Objets trouvés = 1 casque audio
Salle de la fresque du Musée d'Histoire du Moyen Age
A peine franchit le seuil de cette salle, j'avais entendu une voix appeler : "Thibaut de Mondidier!" La voix semblait venir de très loin, comme étouffée, par un obstacle ou par l'éloignement. J'avais beau scruter chaque meuble, chaque détail de la pièce, je n'apercevais pas âme qui vive. En pénétrant plus avant dans la pièce, je constatais trois choses : La grande salle était déserte, protégée par un système de surveillance par rayons lasers.... et pourtant, une nouvelle fois, j'avais l'impression d'être épié... de n'être pas vraiment seul ! Je venais de m'approcher d'une vitrine qui présentait des instruments de musique magnifiques, lorsque j'avais entendu une seconde fois la voix qui m'appelait Thibaud de Montdidier!". Cette voix, cela j'en étais absolument certain, n'était pas celle de l'autre affreux de Wolfram. Cette voix, me semblait bien plus amicale que celle du moine à la chevelure rouge. Mais je ne parvenais pas pour autant à l'identifier. Je tombais alors en arrêt devant l'énorme armure d'un colosse dénommé Montfaucon. Le propriétaire de ce véritable blindage antimissile devait mesurer presque deux mètres et posséder un sacré tour de biceps. Mais sa force naturelle ne devait pas suffire au sieur Montfaucon. Il s'était fait adapter un sacré cure dent au bout du bras droit : un épieu d'acier, surmonté d'une arbalète! J'en déduisais que le type en question avait dû être amputé du bras droit, mais que cette infirmité ne lui avait pas enlevé une once d'un sacré mauvais caractère! J'allais continuer ma visite lorsque la voix s'était fait entendre une troisième fois.
Bien que je ne fus pas là pour faire une simple visite, je prenais le temps d'examiner minutieusement tous les objets présentés dans cette salle. C'est ainsi que je m'arrêtais devant une panoplie d'armes blanches. Au centre je remarquais une épée. Je jetais un coup d'oeil prudent et circulaire avant de m'emparer de l'épée et d'un bouclier en fer forgé. Désormais, Wolfram, Montfaucon ou un autre des chevaliers noirs, pleins de bonnes intentions à mon égard, pouvaient toujours venir me chercher des noises. Je ne me trouverais pas totalement démuni pour leur passer le goût du pain !
J'examinais un tableau anonyme intitulé : Goule terrassée par la croix, lorsque qu'une nouvelle fois la voix grave au timbre voilé s'était fait entendre sur ma gauche....et sur ma gauche il n'y avait qu'une grande peinture, protégée par une barrière. Je m'en approchais.Cette copie d'une fresque très ancienne représentait plusieurs chevaliers habillés en armure. Ils portaient tous la croix rouge brodée sur un surplis de lin blanc... Ce détail me fit immédiatement penser au vieil homme de mon rêve... Maintenant je savais : ainsi le vieil homme était un Templier! Sur la fresque les hommes de guerre étaient rassemblés dans un jardin, devant une fontaine jaillissante.
Brusquement en levant la tête j'entendis nettement cette fois, la voix du vieil homme. " Ne vous alarmez point, je me nomme Gallois et suis de vos amis ! Je dois vous mettre en garde contre les attaques de Wolfram, votre ennemi de toujours ! Aussi invraisemblable que cela vous semble, sachez jeune William que vous n'êtes pas seulement William Tibbs, un jeune américain, né à Washington, il y a vingt trois ans ! Vous êtes aussi frère Thibaud Payen de Mondidier, l'un des 7 chevaliers fondateurs de l'ordre du Temple. Sachez que vous avez vécu bien d'autres vies, et bien d'autres aventures dangereuses... Votre destin est immense, à la mesure de l'histoire des hommes. Sachez vaincre, sans jamais faillir. Adieu mon jeune féal ! Que le ciel vous vienne en aide."
"Regardez attentivement ce visage !... Vous voici GUILLAUME THIBAULT DE MONDIDIER, entouré de vos pairs, dans les jardins du Temple de David à Jérusalem, en l'an de grâce 1134 ! "Bien plus que le discours du vieux templier - qui entre nous, valait son pesant de cacahuètes - c'est ce que je découvrais alors sur cette fresque qui me scotchait sur place! Le chevalier en armes le plus jeune du groupe, c'était tout simplement...moi ! Trait pour trait... ! Sur le coup je m'étais même trouvé pas mal d'allure, représenté de la sorte! Pour la coupe de cheveux j'étais plus réservé! Ces mèches longues qui descendaient jusqu'aux épaules, donnaient au jeune templier, ou plutôt devais-je dire me donnaient, un petit air baba cool, peace and love, des années 70!
J'étais resté encore un long moment dans cette salle afin de m'assurer qu'elle ne me réservait plus d'autres surprises comme celle de la fresque. Je me dirigeais ensuite vers une porte que j'avais déjà remarqué à côté de l'armure du colosse au pilon surmonté de l'arbalète.Objets trouvés = 1 épée et un bouclier de chevalier
La Billetterie
Je m'étais retrouvé dans une plus petite pièce qui, sans erreur possible devait être, lorsque le Musée était ouvert, l'endroit où les visiteurs venaient acheter leur billet d'entrée. J'en fis rapidement le tour. C'est alors que remarquais sur la banque un jouet téléguidé : C'était une reproduction de catapulte du Moyen Age, qui, si j'en croyais la notice de la boite, lançait des mini-boulets... J'avais pris le jouet en me disant qu'il pourrait peut être me servir quelque part, à un moment quelconque.... même si je n'avais pas pu trouver de "munitions" pour cette catapulte dans la billetterie.
Sur la gauche, je remarquais une grande vitrine qui proposait des reproductions d'objets souvenirs et des livres sur le Moyen Age. Sur le mur opposé, on avait installé une borne multimédia interactive. C'est au centre de la pièce, sur une grande banque carrée, au milieu d'une pile de CD, que j'avais trouvé un titre produit par Infogrames qui attira aussitôt ma curiosité: "HISTOIRE DES TEMPLIERS". Il fallait que j'en apprenne un peu plus sur Gallois et les templiers, mais aussi sur ma soi-disant réincarnation en chevalier...
Après avoir introduit le CD dans l'appareil et mis mon casque audio, je tentais de mettre en marche la borne vidéo interactive. Sans résultat ! L'appareil semblait ne pas fonctionner ! Je m'obstinais jusqu'au moment où je constatais que cette borne, comme tous les appareils électriques du monde, devait être branchée à une prise de courant pour pouvoir fonctionner ! Ce qui n'était pas le cas ! Je me plaçais alors sur le côté de la borne et en me baissant, branchait la prise.
Je glissai une nouvelle fois le CD dans le lecteur...
Banzaï ! cette fois tout fonctionnait à merveille !Dans la première partie du CD, une douzaine de magnifiques gravures en couleur, représentant les principaux épisodes de l'histoire des templiers, illustraient les commentaires d'une voix off :
"Crée par Saint BERNARD DE CITEAUX, en 1119, l'ordre des Pauvres Chevaliers du Temple de Jérusalem, dirigé par HUGUES DE PAYNS, leur premier Grand Maître, avait pour tâche, à l'origine, de protéger les pèlerins qui se rendaient d'Europe à Jérusalem, sur le tombeau du Christ....."
"En moins de deux siècles, l'Ordre de ceux qu'on appelait désormais les TEMPLIERS, devint si puissant qu'il créa plus de 9000 commanderies dans tous les royaumes d'Europe jusqu'aux limites extrêmes de l'Orient latin".Une carte "d'époque" permettait de découvrir, l'immense étendue et l'implantation des Commanderies de l'Ordre des Templiers en Occident et en Orient chrétien au XIII° et XIV° Siècles... Il s'agissait d'une puissance bien plus importante que n'importe quel royaume européen ! Ces moines chevaliers possédaient alors un véritable empire!
"En 1307, avec l'appui du Pape Clément, le Roi de France, PHILIPPE LE BEL, ayant accumulé des dettes énormes vis à vis de l'Ordre, décida d'anéantir les TEMPLIERS à tout jamais ..." "En une seule journée, au nom du Roi, dans tout le royaume de France, les Templiers furent arrêtés, jetés au cachot et l'Ordre fut dissous par ordre du souverain pontife.... Après une parodie de procès, qui dura plusieurs années, plus de 500 dignitaires de l'Ordre furent condamnés et exécutés."
Dans la seconde partie du CD, un film en images de synthèse, parfaitement réalisé, reconstituait le martyr de Jacques de Molay le dernier Grand Maître des templiers. La maison cheftaine de la Commanderie des Templiers de Paris en 1329, apparut en vue aérienne sur l'écran. Cette lourde bâtisse, tapie dans un décor de neige, dans un paysage désolé, me fit penser à une sorte d'abbaye fortifiée. Le drapeau noir et blanc qui flottait au sommet d'une des tours fut abaissé... Un instant plus tard la flamme fleur-de-lysée du royaume de France, montait à la hampe et venait flotter comme une menace au dessus des bâtiments.
Dans la nuit, le bourreau Sans merci avait abaissé une torche enflammée. Les flammes envahissaient l'écran et montaient le long du corps du supplicié enchaîné.
Soutenue et grave, la voix du commentateur résonnait à l'unisson de la musique et des cris de la populace anonyme.
"En l'an de Grâce 1314 JACQUES DE MOLAY, le dernier Grand Maître des TEMPLIERS, fut conduit au supplice... L'Ordre des TEMPLIERS disparaissait avec lui..."
Les flammes du bûcher se reflétèrent sur le visage de Philippe le Bel, qui assistait au supplice, assis tout au fond de son trône. Le souverain français tressaillait de peur. Les flammes redoublèrent d'intensité... Le visage du Templier, disparut derrière le rideau de flammes... Le drame était consommé.
Quelques secondes après la fin du film, je restait devant la borne mutimédia encore sous le choc de ce spectacle tout à la fois horrible et grandiose. Mais il me fallait continuer. Je décidais donc de reprendre mes recherches. Je me dirigeais alors vers une petite porte qui s'ouvrait sur une autre pièce de plus petite dimension.Objets trouvés = catapulte téléguidée et CD
Fermeture du musée
Le bureau du conservateur
A l'instant où j'entrais dans ce qui me semblait être un bureau réservé au personnel administratif, une sonnerie électrique et un appel général retentirent dans les hauts parleurs du Musée. Une voix féminine annonçait la fermeture du Musée: "Votre attention, s'il vous plaît. Le musée ferme ses portes".
Désormais, si dans la minute qui suivait, je ne retournais pas sur mes pas pour sortir du Musée, je n'aurais pas d'autres solutions que de me débrouiller par mes propres moyens ! Je n'hésitais pas une fraction de seconde : Je décidais de poursuivre mes recherches pour retrouver Juliette.
Il me fallait d'abord absolument trouver des indices. Je devais donc oublier mes scrupules et fouiller ce Musée de fond en comble. Je commençais donc tout simplement par cette pièce. C'est ainsi que dans le premier tiroir du bureau j'avais trouvé et aussitôt empoché une carte magnétique qui portait l'inscription : vitrines.
Dans le même tiroir j'avais trouvé et pris une clef sans indication, ni étiquette qui précisaient son usage. Dans un deuxième tiroir, je trouvais un magazine. Seul un article de journal retint mon attention :DES CAMBRIOLEURS ASTUCIEUX
"Ce n'est pas sans stupeur que le conservateur du Musée de la soierie de Lyon a constaté que des cambrioleurs venaient de dérober, pendant le jour de fermeture, plusieurs pièces de tissus du XVII° Siècle, d'une valeur inestimable. Pour neutraliser le boîtier de commande du système de sécurité, les malfaiteurs avaient, tout simplement, utilisé la neige carbonique d'un extincteur du Musée! Ce cambriolage n'a heureusement pas profité longtemps aux astucieux cambrioleurs. Trahis par un receleur ils ont été arrêtés le jour même par la police de Lyon, et leur butin a aussitôt retrouvé sa place dans les vitrines du Musée."
Malin ça, l'utilisation d'un extincteur !
Ne trouvant plus rien d'intéressant je quittais le bureau.
En franchissant le seuil de la billetterie j'éprouvais une petite montée d'adrénaline en me remémorant ce que m'avait révélé Gallois, le vieux templier! Ce là me détermina encore un peu plus à retrouver Juliette! A tout prix ! Même si cette recherche devait mettre ma vie en péril !Objets trouvés = un magazine, une clef, une carte magnétique
La billetterie
Pensant en avoir fini avec la billetterie, je me dirigeais vers la salle où j'avais découvert la fresque des chevaliers.
A l'instant où j'allais poser le pied sur le parquet de la salle, j'aperçus l'extrémité d'un faisceau rouge qui se dirigeait droit sur ma chaussure. Sans prendre le temps de réfléchir, je retirais mon pied aussi vite que possible. Bien m'en avait pris! Je constatais qu'un réseau de rayons lasers mobiles rendait toute intrusion dans la salle de la fresque totalement impossible! Je retournais dans la billetterie pour prendre le temps de réfléchir. Le temps, en ce qui me concernait, ne me posait pas de problème. L'inauguration officielle du Musée avait été annoncée dans la presse pour le lundi suivant.... or, on était samedi matin !La salle de la fresque
J'étais revenu sur le pas de la porte de la grande salle, observer les déplacements des rayons lasers. Ils balayaient en totalité la moitié de la surface de la salle. Pourtant j'en déduisais qu'il y avait un moyen pour pénétrer dans la pièce qui, malgré ma première impression, n'était pas totalement inviolable !
Mais même si ce n'était pas impossible, ça restait tout de même extrêmement difficile ! J'en avais eu la preuve lorsque je m'étais mis à quatre pattes pour m'engager sur le parquet de la salle et passer ainsi sous l'angle d'incidence des rayons. Plusieurs fois je frôlais la catastrophe, mais en prenant mon temps et un maximum de précautions, je parvenais à franchir le balayage des lasers mobiles et à prendre pied, dans le hall d'entrée du Musée.
Pour réussir ce gymkhana j'avais d'abord du choisir le bon moment pour partir, à quatre pattes, droit sur la vitrine qui se trouvait dans l'axe de la porte. Ensuite j'avais longé au plus près la paroi de cette vitrine pour en faire le tour en me dirigeant vers la fresque. De l'autre côté j'avais dû me rapprocher d'un coffre ancien avant de me diriger droit vers le mur, à côté de la porte de sortie vers le hall.Le hall d'entrée du Musée
Bien entendu, il n'y avait pas âme qui vive dans ce hall.
Mais pour autant ma progression dans le Musée n'allait pas se transformer en une promenade de santé ! Première mauvais surprise : La porte d'entrée du Musée et la porte de la salle où les deux japonais avaient effectué leur reportage, étaient hermétiquement closes ! Deuxième mauvaise surprise : si les ouvriers avaient quitté le deuxième hall, désormais entre ce deuxième hall et celui où je me trouvais se dressait, non plus une simple barrière de bois, mais une grille de rayons lasers! Je devinais aisément ce qui se produirait si je tentais de franchir ce nouvel obstacle pour passer dans ce second hall !
En faisant le tour du hall je découvrais deux choses : la première c'était un pupitre de présentation sur lequel figurait un plan du Musée. Sans doute, en raison de la présence des ouvriers je n'avait pas remarqué ce présentoir, lorsque j'étais entré pour la première fois dans ce hall. C'est donc en examinant le plan que je constatais que cet édifice devait, de par sa configuration, avoir été très probablement, une ancienne abbaye ! Dans cette abbaye, transformée aujourd'hui en Musée, le nombre, la taille et l'emplacement des pièces ouvertes au public ne représentait qu'un tiers de la surface totale des bâtiments... Je remarquais surtout que dans ce Musée, le cloître, la chapelle et la bibliothèque étaient totalement inaccessibles au public.... Bien entendu c'est dans cette partie du Musée que je voulais me rendre ! Mais pour cela, il fallait d'abord pouvoir sortir de ce hall et franchir la grille de rayons lasers...Coup de chance ! Il existait peut être un moyen de sortir de ce hall : les ouvriers français, qui n'avaient peut être pas totalement terminé leur travail, avaient laissé sur place leur boîte à outils !
Je fouillais la boite, déçu toutefois de n'y trouver d'utilisable qu'un petit tournevis. Je m'approchais d'un boîtier métallique fermé à clef fixé contre un des murs. Pour l'ouvrir, je n'utilisais pas le tournevis qui me semblait trop fragile pour un tel exercice.
En fait, il suffisait d'y penser, j'utilisais la clef que j'avais trouvé dans le tiroir du bureau de l'administrateur. A l'intérieur du boîtier de commande, j'observais, perplexe, les petites diodes du système d'alarme qui s'allumaient et s'éteignaient à intervalles réguliers. A côté de ce circuit électrique lumineux je remarquais un bouton poussoir. S'agissait-il d'un interrupteur d'arrêt d'urgence ? Me suffisait-il d'appuyer sur ce bouton pour désamorcer le fonctionnement du système d'alarme ? Pouvais-je tenter de dévisser le circuit électrique avec mon tournevis ? J'en doutais ! Tout cela me semblait vraiment trop simple !Je m'approchais de la salle fermée à clef. Cette fois je n'avais pas d'autre choix que d'utiliser le petit tournevis. J'avais agi avec d'infinies précautions, pour parvenir à crocheter la serrure et à ouvrir la porte.
Objets trouvés = un tournevis
La salle 1 du Musée d'hIstoire du Moyen Age
La salle, séparée en deux par une barrière de corde, était de proportion semblable à celle de la fresque. On pouvait y admirer des vitrines contenant des objets précieux, mais hélas sans utilité pour moi, des meubles moyenâgeux, et des statues ou des fragments de statues très anciennes. J'étais déçu et inquiet de n'avoir rien trouvé qui puisse me permettre de franchir d'une manière ou d'une autre la barrière de rayons lasers entre les deux halls. Je me dirigeais alors vers la seconde partie de la salle. Le mur du fond était occupé, en grande partie, par une immense toile qui représentait une bataille du Moyen Age.
Une cartouche placée sous le tableau, m'avait apporté quelques éclairages sur cet événement historique :Bataille de Bouvines
Cette bataille fut gagnée le 27 juillet 1214 par la chevalerie française placée sous les ordres de PHILIPPE AUGUSTE qui triompha des troupes de l'empereur allemand et des comtes de Flandres et de Bourgogne. Cette bataille marque l'unité du royaume de France et le début d'un sentiment patriotique.
De part et d'autre du grand tableau, deux objets, qui n'avaient vraiment rien de moyenâgeux attirèrent mon regard. Il s'agissait de deux superbes extincteurs. Bien entendu en apercevant ces deux objets, l'article de journal que j'avais lu dans le bureau du conservateur me revint en mémoire. Je n'hésitais pas. Je décrochais l'extincteur peint en rouge. Il contenait un mélange de poudre à base de neige carbonique.
Je retournais sur mes pas pour revenir dans le hall d'entrée, devant le boîtier de commande.Objets trouvés = 1 extincteur à eau, 1 extincteur à neige carbonique
Le hall d'entrée
Après tout, si le coup de l'extincteur avait marché avec des gangsters, ça pouvait aussi bien fonctionner avec un honnête garçon comme moi ? Avant d'empoigner l'extincteur et de le diriger vers le boîtier, je réfléchissais aux conséquences qu'il y aurait eu à choisir l'extincteur peint en bleu. J'imaginais la décharge électrique mortelle, à l'instant où j'aurais pulvérisé de l'eau sur le circuit électrique du boîtier de commande.
WLOUFFF!.... la neige poudreuse submergea le circuit en l'espace de moins d'une seconde. Je retins mon souffle pendant quelques secondes. Tout s'était déroulé comme pour les voleurs du Musée de Lyon ! La barrière de rayons lasers entre les deux halls venait de disparaître.Le premier chevalier noir
Le second hall
Je prenais le temps de vérifier que je n'avais rien oublié avant de franchir les trois marches qui menaient au second hall.
A peine avais-je passé le seuil entre les deux halls qu'un rire grinçant et désagréable me fit me retourner. Au centre du premier hall se tenait un homme vêtu d'une sorte de grand manteau noir. Il avait les cheveux rouges et le côté gauche de son visage était barré par une large cicatrice, où brillait l'éclat d'une pierre rouge. Wolfram -car j'en étais certain, il ne pouvait ne s'agir que de lui-, face à moi, leva brusquement les bras pour hurler vers le ciel : "Vae Templum !".
Ce Wolfram devait avoir de sacrés pouvoirs magiques parce qu'instantanément, entre lui et moi, la barrière de rayons lasers s'était remise en fonction ! Devant mon air ahuri, le moine démoniaque éclata une nouvelle fois d'un rire méchant et désagréable avant de franchir la porte et disparaître en direction de la salle de la fresque.
Dans ce second hall, intermédiaire entre les salles publiques du Musée et la partie interdite au public, je me retrouvais en bien plus mauvaise posture que dans le premier. J'étais coincé dans une véritable souricière de grilles lasers : d'un côté, je ne pouvais pas revenir en arrière, de l'autre, je ne pouvais pas franchir le porche de pierre qui menait au déambulatoire d'un cloître que j'apercevais de l'autre côté. Les deux grilles de rayons lasers m'en interdisaient les passages. N'ayant pas d'autre choix possible, je me dirigeais vers le seul endroit qui me paraisse accessible l'entrée d'une salle.
Je n'eus même pas le temps d'atteindre le seuil de la nouvelle salle. Derrière moi il y avait eu comme un bruit de gamelles qui s'entrechoquent. Heureusement pour moi, en me retournant, j'avais eu le réflexe d'empoigner mon épée pour parer le coup de taille qui allait me découper de part en part et de la tête aux pieds ! En s'entrechoquant, mon épée et celle de l'énorme chevalier noir qui venait de surgir du néant firent jaillir une gerbe d'étincelles. Ce fût mon premier combat à l'épée à deux mains. A ce titre, toutes les phases du combat me sont restées en mémoire.
En face de moi, j'avais l'impression d'avoir à faire non pas à un homme mais à une énorme mécanique qui frappait, frappait encore, droit devant elle, sans s'arrêter. C'est sans doute cette répétition mécanique des coups portés sur un même rythme, qui fit qu'après avoir reculé pour ne pas être touché, je commençais à prendre l'initiative et à parer ses coups. En fait cette grosse boîte de conserve noire n'était ni très rapide ni très mobile, ni certainement très intelligente. Je me mis donc à tourner autour de lui et à lui porter des coups rapides et nombreux. Comme je parvenais à le frapper de plus en plus souvent, il commença à émettre des cris inarticulés, des sons qui ressemblaient autant à des plaintes qu'à des cris de rage. Alors que je commençais à me demander combien de temps j'aurais encore la force de frapper sur cette lourde boîte en fer blanc, il se produisit un fait tout à fait incroyable. Le chevalier noir, recula brusquement, tituba de deux pas et s'écroula raide en arrière. Je n'eus qu'à peine le temps de le voir allonger de tout son long ... que le chevalier noir disparaissait dans un flash de lumière.... Il ne restait rien, absolument plus rien de mon adversaire, sur le sol de pierre du petit hall.
Il m'aurait fallu au moins une ou deux minutes pour retrouver mon souffle et mes esprits, mais la réapparition, tout aussi soudaine, du même chevalier noir surgissant une seconde fois du néant, m'obligea à reprendre le combat. Le résultat de ce second affrontement fut identique au premier. Mais cette fois sachant comment m'y prendre, je mis un terme beaucoup plus rapide à notre affrontement. Le chevalier noir disparut cette fois définitivement.
Sur mes gardes, j'entrepris d'avancer vers la salle qui me paraissait accessible. Là encore, l'électronique régnait en maître. La salle était parcourue dans tous les sens par une multitude de rayons lasers. Sur le mur du fond j'apercevais nettement le bouton lumineux clignotant qui devait commander l'arrêt du systême d'alarme. Même en me transformant en homme serpent, je n'avais aucune chance de parvenir jusque là en me glissant dans ce labyrinthe inextricable.
Je ressortis le jouet catapulte téléguidé d'une des poches de ma veste de toile. Par bonheur, dans mes combats le petit jouet et la télécommande n'avaient pas été abîmés. Je commençais par me familiariser avec le maniement de la commande à distance qui téléguidait l'engin. En quelques minutes je parvenais à le diriger à ma guise dans toutes les directions. Un instant, j'envisageais de faire passer mon jouet entre les rayons lasers du côté du cloître - la largeur entre les rayons lasers était supérieure à la largeur de la catapulte -, pour piloter à distance l'engin téléguidé dans le déambulatoire du cloître. Mais après avoir réfléchi, je renonçais, ne voulant pas prendre le risque de perdre ma catapulte de l'autre côté d'une des grilles lasers.
La mini catapulte, pour ce que je voulais tenter c'était bien, mais il me manquait quelque chose d'essentiel : des munitions !... J'avisais alors deux vitrines qui se trouvaient de part et d'autre du seuil d'un des porches. L'une contenait de la vaisselle ancienne, jolie, mais sans intérêt ! Un instant j'envisageais de la casser pour en faire des projectiles. Mais en allant voir ce qui était exposé dans l'autre vitrine je trouvais exactement ce que je cherchais. Des plombs de fronde dans un sac de cuir ! Pour ouvrir la vitrine ? J'utilisais tout simplement la carte magnétique ! C'est si simple à ouvrir les systèmes de protection électronique, quand on a ce qu'il faut... pour les ouvrir !
Heureusement pour moi, j'avais eu la chance de ne pas être dérangé par un autre des chevaliers noirs pendant que j'engageais à distance, la mini catapulte dans l'entrelac des rayons lasers.Objets trouvés = un sac de munitions pour catapulte
La 2ème salle des lasers
Je frôlais plusieurs fois la catastrophe. Plusieurs fois, après avoir engagé le petit jouet dans une direction que je pensais être la bonne je devais tout stopper... et revenir en marche arrière par le même chemin. Au bout d'un long, très long moment - qui me parut encore plus long que ça - je finis par trouver le bon trajet.
Je dirigeais très lentement la catapulte en lui faisant d'abord longer la vitrine sur sa droite, puis dès qu'il me sembla qu'aucun point de contact ne viendrait la toucher, je l'engageais en ligne droite vers le milieu du parquet, puis à droite et de nouveau tout droit. Lorsque le jouet fut enfin en regard du bouton poussoir, un message m'indiqua que je pouvais tirer. J'utilisais la catapulte, la rechargeais avec les mini-boulets et déclenchais le tir. Le boulet décrivit une parabole régulière pour venir frapper en plein centre du contacteur. Le faisceau de rayons lasers disparut instantanément dans la salle. Le système d'alarme était désamorcé.
Après avoir visité la salle, examiné tous les objets qui y étaient exposés je rentrais dans une véritable colère. Comment ça ? Je m'étais donné autant de mal pour rien ? Il n'y avait strictement rien d'intéressant pour moi dans cette salle !... Rien d'intéressant ? Peut être pas ! En repassant devant une vitrine je remarquais une épée magnifique - une étiquette placée dessous précisait qu'il s'agissait d'une flamberge du XIV° Siècle - Lorsque j'empoignais l'arme par sa poignée je me rendis compte que sa lame mesurait trente bons centimètres de plus que celle qui m'avait servi jusqu'ici. Cette épée était non seulement bien plus maniable, mais elle était encore plus légère que la précédente ! Je songeais un instant à ce que représentait la découverte de cette épée : Cette superbe arme de poing, forgée sans doute par un armurier de grand talent, plus de six cents ans auparavant, allait me permettre de combattre, en plein XX° Siècle, encore mieux et plus vite les forces du mal qui se dresseraient entre Juliette et moi!Je rangeais ma catapulte et m'aperçus avec plaisir que la seconde grille de rayons lasers qui m'empêchait tout à l'heure de passer du hall au déambulatoire du cloître, avait été désactivée en même temps que le système d'alarme aux lasers.
Objet trouvé = 1 épée
Le déambulatoire du cloître
Dès que je m'engageais dans le déambulatoire, Wolfram, que j'avais quelque peu oublié depuis un petit moment, se rappela immédiatement à mon bon souvenir... Ce fut d'abord la grille de rayons lasers qui se réactiva derrière moi. Puis, surgissant du néant, le chevalier noir, épée haute, se précipita encore une fois vers moi - aussi vite que sa lourde et sombre carapace d'acier le lui permettait - pour me défier dans un nouveau duel !
Cette fois, sans doute en raison de la fatigue accumulée, je dûs faire face à un adversaire qui me parut sacrément coriace! Je finis pourtant, non sans mal, par le renvoyer vers Wolfram, son expéditeur !En avançant de quelques pas dans le déambulatoire, je constatais que je me trouvais maintenant dans un cloître roman, entouré de ses bâtiments conventuels (l'an passé, au cours d'un voyage dans le sud de la France, Juliette m'avait fait découvrir la noblesse et la sobriété de l'art roman, en visitant les abbayes cisterciennes de Senanque et de Silvacane). Bien que sur le moment je n'avais pu en avoir conscience, la beauté austère de ce décor allait m'être fatale... Elle m'empêchait de me rendre compte que je venais de tomber dans un piège infernal qui allait transformer ma destinée... A cet instant précis de cette aventure je me trouvais, moi, William Tibbs, au centre de l'indicible !
Cette partie de mon récit me revient en mémoire avec difficulté, il me semble que, là encore, j'ai fait un rêve, un rêve terrible et fantastique, qui m'entraîna dans un autre monde, dans un autre espace temps...
Tout commença, ou plutôt tout recommença comme dans un cauchemar. Plus je progressais dans le périmètre du déambulatoire, plus cette entité diabolique se téléportait et me forçait à me battre sans le moindre répit. De cette façon, incapable de me vaincre, en combat singulier, il espérait sans doute parvenir à me terrasser en épuisant mes forces. Cette stratégie était, hélas, tout à fait efficace. Lors des premiers combats j'avais pu garder toute mon ardeur mais très vite la fatigue commença à rendre mes gestes tout à la fois moins précis et moins rapides. Une ou deux fois je frôlais la catastrophe et il me fallut faire appel à toute mon énergie pour ne pas succomber sous les coups. Lors d'un énième assaut - il y avait déjà pas mal de temps que je ne comptais plus le nombre de mes combats! -, le chevalier noir parvint à me coincer dans la largeur du déambulatoire. Gêné par l'étroitesse du couloir, je subissais les assauts de mon agresseur les uns après les autres, sans pouvoir renverser le cours du combat ni reprendre l'initiative. Je reculais à chaque échange. Alors que je me retrouvais coincé, à la hauteur des jambes, par la murette de pierre qui séparait le déambulatoire du jardin central du cloître, je sentis brusquement qu'il n'y avait plus d'obstacle derrière moi pour m'empêcher de reculer... Immédiatement, je rompis en faisant trois pas en arrière. Je me retrouvais ainsi à l'intérieur d'une des quatre allées, qui menaient au puits de pierre qui se trouvait au centre du jardin ! Je relevais ma garde pour attendre et parer la charge du chevalier noir. Le soulagement fit place à l'étonnement. Une joie immense me submergea lorsque je me rendis compte que le personnage diabolique était incapable - pour des raisons que j'ai toujours ignorées - de pénétrer dans ce jardin !.... Un rire libérateur me secoua de la tête aux pieds. J'allais pouvoir retrouver mon souffle et reprendre mes forces !
Dès lors le combat contre les entités diaboliques devint beaucoup plus facile pour moi. Il me suffisait de combattre, de terrasser un adversaire puis d'aller me réfugier au centre du jardin pour reconstituer mes forces. Hélas, si ce stratagème me permettait de survivre sans trop de risques, il ne faisait pas avancer d'un pouce le but de mes recherches : retrouver Juliette. J'étais coincé! Le puits - que j'avais longuement examiné entre deux combats - n'offrait aucune possibilité de descendre à l'intérieur. Toutes les portes de bois qui séparaient le cloître des bâtiments conventuels étaient hermétiquement closes. En cherchant partout dans le déambulatoire, je n'avais strictement rien trouvé pour repasser d'une quelconque manière les grilles de lasers. Impossible de revenir dans le second hall ni de tenter de rebrousser chemin ! une rage froide me submergea! Quand et comment allais-je retrouver ma fiancée? Furieux, tout à la fois contre mon impuissance, et contre ces forces noires qui régnaient sur cette Commanderie, j'avais fait le tour du déambulatoire en appelant Juliette. Mes appels n'avaient eu aucun effet. Je venais pratiquement de faire le tour du déambulatoire en combattant les chevaliers noirs, lorsque, près d'une colonne de pierre, j'aperçus sur le sol dallé, un boîtier de matière plastique. L'objet, par ses dimensions, sa couleur et sa forme, ressemblait à un PC portable. Je me penchais et sans réfléchir, j'ouvrais le boîtier ... La surprise et l'effroi me propulsèrent en arrière quand un chevalier en armure, armé d'une épée à deux mains, jaillit du boîtier en moulinant autour de lui dans tous les sens. Renversé en arrière sur le sol par la surprise, je n'eus pas le temps d'éviter la lame qui s'abattit droit sur mon front... L'épée toucha mon crâne et passa au travers de ma tête... sans me faire le moindre mal ! Une seconde fois l'épée s'abattit pour m'atteindre en pleine poitrine... sans que j'en éprouve la moindre douleur ! Je me relevais pour examiner ce nouveau phénomène. Cette fois Wolfram n'avait rien à voir avec ce chevalier ! Il s'agissait tout simplement d'un hologramme destiné aux visiteurs du Musée ! Je soufflais de frayeur rétrospective en refermant le boîtier de plastique, que je glissais dans une des poches de ma veste de toile. Je me réjouissais de ma trouvaille : après tout si ce subterfuge avait pu m'effrayer, il pourrait sans doute en effrayer bien d'autres !A cet instant, au lieu de me réjouir trop vite et de relâcher ma vigilance, j'aurais dû observer une des portes du cloître. Deux zigotos en uniforme de gardien, un très grand, maigre comme un hareng saur, et l'autre, petit et rond comme une balle venaient de la franchir pour pénétrer dans le déambulatoire. Sans même échanger un mot, ils se séparèrent pour prendre le déambulatoire chacun dans un sens. Sans se presser, ils avançaient vers moi, chacun de leur côté. Comprenant qu'à un moment ou un autre je me retrouverais coincé, je décidais d'aller vers le petit gros pour m'expliquer, et justifier ma présence dans ce Musée... et pourquoi pas obtenir leur aide ! On ne choisit pas ses amis. Ces deux là, je puis l'affirmer, n'en feront jamais partie !
J'aurais pu, comme j'en avais eu d'abord l'intention, considérer ces deux types comme des ennemis et les tailler en pièces à coup d'épée. Mais leurs uniformes officiels, leur apparence, leur allure débonnaires et tranquilles me firent croire que je ne risquais rien. Le petit gros souriait en me voyant approcher. Je commis l'erreur de croire qu'il s'agissait d'un signe de bienveillance. Mal m'en avait pris. A l'instant où je me trouvais à sa portée, le petit gardien tendit brusquement son bras en avant. Il venait de me clouer sur place d'un jet de gaz paralysant ! Le même gaz que les cops américains utilisent pour capturer vivants les criminels dangereux ! Je chancelais, KO debout, incapable de m'enfuir. Dans le brouillard, je vis le grand escogriffe s'approcher. Je l'entendis féliciter son collègue: "Bravo Grand Albert ! Cet imbécile ne s'est douté de rien ! "
Le petit gros souriait toujours en faisant signe à son "petit" frère, de me soutenir " Mon petit ALBERT, puisqu'il la cherche, accompagne donc notre ami jusqu'à sa fiancée!". Toujours incapable d'esquisser ne serait-ce qu'un geste de défense, je fus traîné vers le puits, au centre du jardin. Le "Grand Albert", qui nous précédait pris le temps de s'asseoir sur la margelle de pierre. Il souriait toujours en se frottant les mains de satisfaction lorsque le "Petit Albert" vint m'appuyer contre le parapet de pierre grise. Le "Grand Albert" me posa sa question, sans même se donner la peine de se tourner vers moi: "Tu voulais retrouver ta fiancée ? Le fourbe ne me laissa même pas le loisir, ni le temps de lui répondre. Il fit un signe de la main au "Petit Albert"... Et bien, vas donc la rejoindre."
Je ressentis une violente poussée dans le dos, je basculais en avant sans pouvoir me retenir ... Je plongeais, sans fin, dans un immense trou noir....objet trouvé = 1 hologramme
[Menu de la soluce] [La suite...]
© 1996 Infogrames Entertainment.